Les premiers livres imprimés n'avaient pas de page de titre à la manière de nos livres d'aujourd'hui. On achetait d'ailleurs le livre non relié et c'était à l'acheteur de faire relier le livre. La page de titre s'est développée progressivement, quand son besoin s'est fait sentir : elle permettait d'identifier tout de suite chez le libraire ce qu'était tel ou tel paquet de feuilles imprimées correspondant à un livre.

À la Renaissance, la page de titre « se cherche » : elle peut contenir des titres très longs et des informations multiples. Elle peut au contraire être restreinte. Peu à peu, elle va se stabiliser autour de quelques informations essentielles : l'auteur, le titre, éventuellement des informations complémentaires sur son contenu (nom du traducteur, du ou des commentateurs, présence d'un index, d'illustrations...), l'imprimeur-libraire (avec parfois des renseignements sur l'emplacement de l'atelier et de la boutique), souvent identifié par sa « marque » (sorte de « logo » qui peut être accompagné d'une devise), le lieu d'impression, la date d'impression.

1. Le livre imprimé : la renaissance des classiques

Voici quatre pages de titre d'auteurs latins ou grecs de l'Antiquité classique. Nous les mettons dans l'ordre chronologique d'impression : de l'édition imprimée en premier à celle imprimée en dernier.

A/ Arrivez-vous à identifier pour chaque page de titre de quel auteur grec ou latin il s'agit ?

B/ Que remarquez-vous concernant les différents caractères typographiques utilisés, la disposition des informations sur la page, la place du texte et des illustrations ?

C/ Quelles informations arrivez-vous à repérer ?

D/ Quelles pages de titre vous semblent les plus complètes par la diversité des informations données ?

Vous avez sans doute remarqué sur toutes ces pages de titre, exceptée la première, la présence d'une représentation figurée accompagnée de quelques mots dans la deuxième moitié inférieure de la page. Il s'agit de ce qu'on appelle une « marque d'imprimeur ». Peu à peu, les imprimeurs prennent l’habitude de se choisir une sorte de « logo », accompagné de leur nom, et plus souvent d'une devise.

2. Des œuvres humanistes originales

Les humanistes publient des éditions des auteurs anciens, parfois en traduction, et souvent commentées. Mais ils produisent aussi des écrits originaux : études savantes, lettres, fiction...

Voici trois pages de titre d'humanistes dont il est question dans la présentation de la littérature néo-latine que vous pouvez lire sur le site.

E/ Essayez de repérer leurs noms et de faire des hypothèses sur ce que ces ouvrages peuvent contenir.

Page de titre utopia More 1518
Illustration 1

F/ Deux d'entre eux ont été publiés dans la même ville (introduite par la préposition apud). Lesquels ?

G/ Sur la page du titre du milieu, à quoi vous semble servir l'usage de la couleur rouge ?

H/ Toujours sur cette même page, que peut vouloir dire à votre avis CVM PRIVILEGIO REGIO ?

I/ Que pensez-vous de l'ornementation de ces pages ?

3. L'imprimeur : une mention qui impose de plus en plus sa marque

J/ Nous avons vu plus haut que les imprimeurs, de plus en plus, apposent sur la page de titre leur marque d'imprimeur. Parcourez l'histoire de la marque d'imprimeur d'Alde Manuce. Quelle page de titre que vous avez rencontrée plus haut nous indique que le livre a été imprimé par ce célèbre imprimeur vénitien ?

Voici trois éditions des Elegantiae de Lorenzo Valla, l'un des manuels de latin humaniste les plus importants. Publié au XVe siècle, il recommande les usages latins conformes aux auteurs classiques et proscrit les tournures jugées trop « barbares » et médiévales.

Lorenzo Valla 1539 1
Illustration 1

K/ Pouvez-vous identifier les villes et les dates d'impression de ces trois éditions ?

L/ Quelles sont celles qui comportent une marque d'imprimeur ?

M/ Sachant que le nom de l'imprimeur (prénom et nom) est à chaque fois introduit par la préposition apud, arrivez-vous à repérer où se trouve l'information à chaque fois ?

4. Activité créative

Vous pouvez peut-être penser que les pages de titre de la Renaissance sont très chargées de textes et de décors. Ce n'est pas toujours le cas. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il a fallu beaucoup de tâtonnements avant de trouver des formules efficaces et élégantes.

À vous de jouer maintenant : vous avez à rédiger un devoir, un dossier, un « portfolio » en lien avec l'enseignement des Langues et cultures de l'Antiquité cette année ? Et si vous lui donniez une page de titre à la manière des humanistes ?

En haut, mettez le titre, l'auteur, avec toutes les précisions voulues. Puis, trouvez-vous un nom d'imprimeur, une devise et une marque (un logo). Ils peuvent avoir un rapport avec votre nom de famille, par exemple, ou bien avec une devise personnelle. Enfin, indiquez le lieu et la date (en chiffres romains). Si vous écrivez le tout en latin, ce sera encore mieux !

Faites-nous part de vos réalisations.

5. Quiz

Voici maintenant un petit quiz pour vous permettre de savoir si vous avez retenu l'essentiel des pages de titre !

1. 
Quelles étaient les particularités des livres à la Renaissance ?

2. 
Qu'est-ce qu'une marque d'imprimeur ?

3. 
Les livres sont imprimés :

Pistes bibliographiques

  • Crousaz Karine, Érasme et le pouvoir de l’imprimerie, Lausane, Antipodes, 2005.
  • Freyburger Gérard, « L’édition de Térence de Jean Grüninger réalisée à Strasbourg en 1496 : un chef-d’œuvre de pédagogie pour l’accès au texte latin », dans Le « sel attique » ; épigramme, satire, théâtre et polémique, M.-L. Freyburger et H. Harich-Schwarzbauer (éd.), Stuttgart, Steiner Verlag, 2016, p. 59-68.
  • Gilmont Jean-François et Vanautgaerden Alexandre (éd.), La page de titre à la Renaissance, Anderlecht-Turnhout, Maison Érasme-Brepols, 2008.
  • Halkin Leo-Ernest, Eramus ex Erasmo. Érasme éditeur de sa correspondance, Aubel, P.M. Gason, 1983.
  • Vanautgaerden Alexandre, Autoportraits d'Érasme, Dürer - Holbein - Metsys - Froben : recueils épistolaires et représentations figurées, Turnhout, Brepols, 2010.
  • Vanautgaerden Alexandre, Érasme typographe. Humanisme et imprimerie au début du XVIsiècle, Genève, Droz, 2012.
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